#metoosansvoix
6 conseils pour réduire la vulnérabilité de son enfant qui ne parle pas
Les chiffres sont glaçants… Les enfants en situation de handicap ont près de 3 fois plus de risque d’être victimes de violences sexuelles que les enfants sans handicap. Et pour les enfants qui ne parlent pas ? Sans pouvoir exprimer, raconter, dénoncer ce qui leur arrive, le risque est d’autant plus important. C’est une réalité difficile à admettre pour les parents, mais nous pouvons agir.
Justement, un mouvement de familles, de professionnels et de personnes concernées s’insurge sur les réseaux sociaux sous le hashtag #metoosansvoix pour exiger l’accès aux moyens de communication qui permettent de réduire la vulnérabilité de personnes en situation de handicap de communication.
En tant que parent, nous pouvons agir pour réduire la vulnérabilité de notre enfant, en lui donnant des moyens de communication et en suivant certains conseils.
1. Avoir le vocabulaire pour parler de son corps :
Pouvoir parler de son corps, c’est essentiel, pour pouvoir demander ce dont on a envie ou besoin, exprimer des douleurs et parler de ce qui nous arrive. Les spécialistes conseillent d’utiliser les vrais mots anatomiques plutôt que des surnoms. Ces mots peuvent être représentés par des pictogrammes et intégrés aux outils de communication alternative et augmentée d’un enfant ou d’une personne avec des difficultés pour s’exprimer à l’oral.
Au quotidien, on peut montrer l’utilisation de ces mots au moment du bain, par des jeux de rôle, avec des jouets, en commentant des livres sur le consentement. Certains outils de communication contiennent déjà toutes les parties du corps avec leurs vrais noms, mais pour d’autres il faut les ajouter (ce thème est abordé dans la conférence AAC in the Cloud : Il est où le pénis ?).
2. Favoriser une communication ouverte, sans complexe
Vous trouvez ça gênant de parler de sexualité, de consentement ? Pour de nombreux parents, ce sont des sujets délicats à aborder, et pourtant nous souhaitons que nos enfants se sentent libres et à l’aise pour nous le dire s’ils sont inquiets ou si quelqu’un a eu un comportement inapproprié. Réduisons les tabous en montrant à nos enfants que nous pouvons parler de notre corps tout simplement, cela créera un climat de confiance pour que l’enfant puisse se confier en cas de doute ou d’inquiétude.
3. Parler du consentement dès le plus jeune âge
On peut faire vivre le consentement tous les jours et en parler de mille façons ! On en parle lors de situations familières aux enfants, comme le partage de jouets ou le fait de demander la permission avant de prendre quelque chose qui ne leur appartient pas.
« Regarde, le chien n’aime pas quand on le caresse comme ça, donc on arrête », « on va se laver sous les bras, tu es prête ? je ne te lave pas entre tes jambes, car c’est ton endroit privé, je t’aide à le faire seule », « je vois que tu n’as pas envie de faire un bisou à tati, tu n’es pas obligé ».
Faire comprendre à son enfant que lui seul est maître de son corps et qu’il a le droit de dire non, c’est un pas vers une réduction de sa vulnérabilité. Nos enfants ont souvent besoin de notre aide pour les gestes du quotidien, mais en tant que parents, nous pouvons les prévenir, leur demander leur accord et leur montrer par tous nos gestes que leur corps leur appartient et doit être respecté. Si votre enfant ne peut pas encore exprimer le oui et le non, ce sera un objectif d’apprentissage essentiel.
4. Guettez des signes de mal-être qui peuvent être des signes d’alerte
Des changements de comportement, des refus, des signes de souffrance ou au contraire une passivité ou indifférence peuvent nous alerter à une situation de violence que vit notre enfant. Des signes qu’il n’est pas toujours facile de repérer si un enfant a des problèmes médicaux ou comportementaux.
Soyons vigilants également aux personnes qui fréquentent notre enfant au quotidien. Est-ce qu’ils soutiennent la mise en place de moyens de communication qui vont permettre à l’enfant de parler de ce qui lui arrive ? Si ce n’est pas le cas, pourquoi ?
5. Utilisez les tapis de discussion pour exprimer ses envies et ses sentiments
Les Talking Mats permettent de structurer des moments d’échange avec des personnes en difficulté de communication. Ces « tapis de discussion » permettent d’exprimer ce qui va bien ou pas bien, si on se sent bien ou pas. Une fois la formation de base acquise, il existe une formation spécifique sur l’utilisation de leur pack « Keeping Safe » autour de la protection et la sécurité.
6. Réduire la solitude
« La maltraitance s’exerce généralement sur des personnes isolées »
Plus notre enfant sera entouré et dans des espaces ouverts, moins il sera vulnérable. Pour cela, l’inclusion et la participation sociale sont des leviers pour réduire le risque… et pour vivre une vie épanouie et stimulante !
Vous pouvez suivre et soutenir le mouvement #metoosansvoix sur les réseaux sociaux. Agissons tous pour réduire la vulnérabilité des personnes en difficulté de communication.
Des ressources pour aller plus loin :
Santé BD – un support pour parler de la maltraitance https://santebd.org/les-fiches-santebd/parcours-de-soins
ARASAAC – dossiers pour parler de la prévention https://arasaac.org/materials/fr/4492
Une sélection de livres sur le consentement et le droit de dire non, dont certains adaptés aux plus jeunes : https://apprendreaeduquer.fr/livres-pour-enfants-sur-la-prevention-des-abus-sexuels/
Un article d’AssistiveWare sur la réduction du risque : https://www.assistiveware.com/fr/apprendre-caa/reduire-vulnerabilite-personnes-qui-nont-pas-acces-parole
Rapport du sénat sur la maltraitance : Briser la loi du silence *https://www.senat.fr/rap/r02-339-1/r02-339-14.html
Fiches informatives sur les risques et signes d’alerte : https://handiconnect.fr/fiches-conseils/les-violences-faites-aux-mineurs-en-situation-de-handicap
Conférence en ligne (traduction automatique disponible) : Where is the penis ? https://www.youtube.com/watch?v=X-kw4_HH6FI