La manière la plus courante pour désigner des pictogrammes, c’est le pointage. Si la personne a l’utilisation de ses mains, elle pourra indiquer son message directement. Cependant, chez un jeune enfant ou une personne avec des difficultés de motricité fine, le pointage n’est pas toujours précis, ce qui limite l’accès à la communication.
Comment faire pour améliorer le pointage ? Anne-Laure Zilliox, ergothérapeute, répond à nos questions et toute l‘équipe HappyCap la remercie pour ces conseils précieux !
« Charlotte ne supportait pas l’écran tactile au début… Mais très vite, elle a maitrisé le pointage et la navigation. Ce pointage et cette navigation considérés souvent comme un prérequis, sont très vite installés, grâce à l’application. »
Aline, maman de Charlotte
Mon enfant n’a pas un pointage précis, peut-il utiliser la CAA ?
Oui bien sûr ! Il y a des moyens de compenser l’incapacité à pointer et des moyens pour renforcer un pointage qui n’est pas encore très précis. Toutes les activités et les jeux qui vont favoriser le mouvement du bras vers un objet vont l’aider à développer ces compétences. Les buzzers qui font du bruit ou de la lumière sont souvent très motivants par exemple, comme les jeux sensoriels suspendus à un portique, le dessin, le gribouillage et toute autre activité de motricité fine.
Comment faire pour « travailler » la précision du pointage ?
Pouvoir pointer avec son index va être très utile. Vous pouvez l’aider à le discriminer en jouant avec les touches d’un piano, avec les livres sonores, avec une pastille, avec un écran tactile et des jeux stimulants pour l’enfant (comme youtube kids 😉). Pour beaucoup d’enfants, l’utilisation de l’outil de CAA va être très motivant aussi… au début on peut faire de « l’actif aidé ». C’est à dire que l’adulte peut aider l’enfant en soutenant sa main, puis estomper ce guidage en soutenant ensuite le coude, en donnant une impulsion au niveau de l’épaule. Il est toujours mieux de placer sa main sous celle de la personne aidée mais c’est à adapter en fonction de chacun.
Pour certains, utiliser un gant avec l’index découpé pour dégager l’index va permettre un pointage plus précis, notamment sur un écran tactile. Il est aussi possible de faire réaliser un guide doigt, c’est une grille en plastique qui est posée sur l’écran de la tablette avec des trous découpés pour pouvoir sélectionner les cases. L’utilisation du guide-doigt peut être passagère – afin d’augmenter la précision dans un premier temps – ou permanente.
Comment choisir la taille de la grille ?
On va prendre la grille avec le plus de cases possibles en fonction des capacités de discrimination visuelle et des capacités motrices de la personne, c’est-à-dire le plus petit pictogramme que l’enfant peut distinguer et toucher. La capacité cognitive supposée ne doit pas être un critère pour définir la taille de grille.
Pour évaluer les capacités visuelles et de pointage de l’enfant, on peut lui proposer des jeux stimulants pour voir ce qu’il repère déjà sur la tablette. Peut-il repérer des icones et les sélectionner ? Un orthoptiste et/ou un ergothérapeute peuvent vous aider pour cette évaluation.
Et si la grille vous semble trop complexe et chargée visuellement ?
Mieux vaut cacher des pictogrammes au début pour qu’il y en ait moins et faciliter la discrimination visuelle/la mémorisation de l’emplacement, que de partir sur des grilles avec moins de cases : quand l’enfant progresse on peut « démasquer » les pictogrammes dont on a besoin sans changer la place de ceux déjà appris. Comme taper sur un clavier ou retrouver une application sur notre smartphone, c’est plus facile si les éléments sont toujours au même endroit, on parle également de respecter la « planification motrice ».
Certains systèmes facilitent cela, comme le mode « apprentissage pas à pas » dans l’application proloquo2go.
Avez-vous d’autres astuces pour augmenter la précision et faciliter l’accès à l’outil ?
Augmenter les contrastes sur les pictogrammes, ou entre les cases et le fond d’écran peut aider : en simplifiant le repérage visuel des contours et du pictogramme, l’enfant peut se concentrer sur la tache motrice.
Parfois on peut aussi explorer les paramètres de sélection dans le logiciel de communication. Par exemple on peut choisir de valider le choix quand on relève le doigt avant de permettre à l’enfant de faire glisser sa main sur l’écran. On peut aussi temporiser la répétition de touche afin de n’insérer qu’un seul pictogramme et de ne dire qu’une seule fois le message même si l’enfant tapote la case.
Est-ce que le positionnement de l’outil peut aider avec le pointage ?
Oui. Il faut bien sûr le mettre dans le champ visuel connu de l’enfant, ainsi que dans la zone qu’il atteint le mieux avec ses mains. On peut regarder où il place spontanément les objets qu’il veut observer/manipuler et où il va chercher ses jouets de façon préférentielle. Parfois l’inclinaison de la tablette ou de l’ordinateur aide aussi. Pour plus d’informations, découvrez notre article sur le positionnement et la CAA.
La précision du pointage se travaille petit à petit dans les jeux et les activités du quotidien, dans des interactions plaisantes et des découvertes sensorielles. L’utilisation de l’outil de communication est souvent moteur de progrès et d’amélioration aussi. Si les troubles moteurs de votre enfant sont plus importants et limitent son accès à l’outil, vous pouvez aussi découvrir notre article sur la CAA et troubles moteurs, quand une personne n’a pas l’utilisation de ses mains.
Nous remercions encore Anne-Laure Zilliox pour sa collaboration. Ergo comme ça est basé au Luxembourg, Anne-Laure propose des séances et des bilans en ergothérapie, à domicile ou en télésoin (visio-conférence).
FAQ
Afin de se retrouver dans les différentes expressions propres à la Communication Alternative et Augmentée, HappyCap Foundation vous propose une Foire à Questions (FAQ) de la CAA :