Sacha Keller

Témoignage

Sacha Keller utilise un outil de communication alternative sur tablette pour communiquer, et il a plein de choses à nous partager ! Nous avons parlé avec Sacha de son envie de sensibiliser au handicap et à la CAA, ainsi que son parcours de communication pour arriver aux outils qu’il préfère utiliser aujourd’hui.
Sacha se décrit comme muet. Nous lui avons demandé pourquoi ce choix de mot en particulier… « Je trouve que c’est sympa comme mot ». Pourquoi pas !

Pouvez-vous vous présenter et nous dire en quoi la communication alternative est importante pour vous ?

Bonjour ! Je m’appelle Sacha Keller, J’ai 22 ans, je suis muet mais je suis très actif, car j´anime des cours de sensibilisation au handicap.

Pour moi c’est important d’utiliser une synthèse vocale – pour aller vers les autres comme toutes les personnes atteintes de handicaps moteurs, auditifs et visuels ; sinon je ne peux pas exprimer mes émotions et je les contiens. La colère monte alors en moi et m´empêche d´être en harmonie avec les autres, – pour permettre de communiquer, – pour apprendre, – pour pouvoir participer aux échanges, en particulier aux repas, – pour pouvoir donner son avis «je pense que» ; c’est une manière d’exister, de prendre sa place, – pour faire des demandes précises concernant ses besoins

Depuis quelques mois j’ai très envie de sensibiliser. Dans les écoles, j’ai fait un jeu de l’oie. Je suis curieux et j’ai envie d’informer sur la CAA. Je suis allé a Paris en mars 2023, aux Assises de la CAA et j’écris une aventure. J’ai écrit un article sur ma nouvelle application pour parler TD SNAP.

J’ai rejoint Isaac Francophone en juin 2023 ; je suis dans plusieurs commissions, notamment pour l’organisation du Mois de la CAA d’Isaac Francophone, #avectouslacaa et je suis vice-secrétaire de Isaac Suisse Romande…

Aussi, je cours pour ELA lorsqu´ils organisent ʺMets tes baskets”.

Pouvez-vous nous partager votre histoire avec la CAA ?

J’utilise la CAA depuis très très longtemps !

J’ai commencé à communiquer avec des mimiques du visage et avec un cahier de communication : quelques pictogrammes (Makaton dans les premiers temps), représentant-ce que je voulais dire ; ma communication était donc très limitée !

Plus tard, j’ai utilisé plusieurs logiciels de communication installés avec une synthèse vocale (sur un ordinateur, un appareil dédié ou une tablette), qui m’ont permis d’enrichir considérablement mon vocabulaire et d’améliorer la vitesse de communication.

J’ai utilisé Mind express qui a évolué positivement depuis que je l´ai utilisé ; deux nouvelles versions ont été éditées avec des nouveaux tableaux de communication.

Et aussi Minspeak. Avec Minspeak, je n’avais plus à tourner les pages, car les symboles sont polysémiques, ni à retenir longtemps la phrase que je voulais dire. J’ai pu un peu parler de la santé et comment prévenir des risques de maladie mais il n’y avait pas assez de noms de maladie (ex : cancer, crise d’épilepsie, diabète, myopathie, sida, etc.). J’ai utilisé la grille   ʺWord Strategy” avec  84 cases imposées. Pour obtenir des mots, il fallait que je sélectionne des icônes successivement mais parfois, c’était difficile de choisir une place pour chaque mot. En effet, il y avait plusieurs solutions correspondant à des logiques différentes ; je devais choisir celle que je retrouverai le plus facilement (ex : pour  téléthon, j’ai trouvé la combinaison  fauteuil roulant + téléthon).

Et puis, mon ʺVantage lite”,avec “Minspeak” est devenu vieux et tombait souvent en panne ; la prise pour le chargeur était aussi très fragile. Le constructeur ne le fabriquait plus et ʺl´Accent“ qui le remplaçait ne me convenait pas.

Quel outil de communication utilisez-vous aujourd’hui ?

Alors comme “TD SNAP“ venait d´être traduit en français (en 2019) j´ai continué avec lui, je l´ai installé sur un IPad Air. Quand j´ai commencé, j´ai dû d’abord masquer beaucoup de choses, autrement l’attention se disperse trop, et je ne pouvais pas mémoriser l’emplacement des touches.

Pendant le confinement, j´ai utilisé Skype pour suivre mes séances d´orthophonie en visio ; cela m´a permis de le découvrir : dictée de phrases, organisation de l´application et usage de la ponctuation pour avoir l´intonation. Peu à peu, j’ai appris à utiliser.

Qu’est-ce qui vous semble important pour la prise en main ?

Tout ce qui me permet d’aller plus vite : les mots de base,  les phrases rapides et le clavier avec son prédicteur. Il ne faut absolument pas changer les mots de base. Ils sont précieux ; on peut dire beaucoup de choses rien qu’avec eux. On a fait des exercices amusants pour les utiliser rapidement.

Grâce au retour vocal, j’ai fait beaucoup de progrès pour lire et écrire et structurer mes phrases.

Mon iPad est important pour moi. Parfois je l’appelle ma coquille comme un enfant qui n’a pas du tout de tonus pour se tenir assis dans son fauteuil roulant et qu’on installe avec un harnais dans une forme appelée coquille. Mon IPad c’est un peu ainsi, je ne peux pas parler sans lui.

Cette application correspondait mieux à ma logique de recherche par ordre alphabétique, à la nécessité pour moi de faire une phrase correcte, avec les mots précis plutôt que d’être rapide. Et je peux programmer beaucoup de choses moi-même.

Avec le vocabulaire précis mis à ma disposition, je peux vraiment échanger sur tous les sujets qui intéressent les ados, les jeunes adultes, les adultes ; J’ai commencé par réorganiser la liste de mots “transports ” ; j’ai trouvé important, pour moi, de pouvoir répondre aux questions du code de la route.

Il y a des listes en relation que j´ai renommées comme dans mon livre du code de la route : la sécurité routière, la mécanique et les équipements, et j´ai aussi ajouté une nouvelle liste en relation : les constructeurs automobiles.

Après cela, j’ai inséré mes passion ex : – parcs d’attractions que j´ai complété par la suite par un onglet  ʺEuropa Parkʺ avec ses attractions. Aussi, les manga, les festival, le monde de la nuit.

Je suis devenu un véritable interlocuteur qui peut vraiment dire sa pensée sans être obligé de simplifier en fonction des mots disponibles.

Je pourrais parler des heures de la CAA… je suis passionné !

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