Pour bien débuter
Comment aider mon enfant qui ne parle pas ?
Il y a plein de façons d’aider mon enfant à parler. Je peux lui donner du temps, parler lentement, utiliser des phrases courtes. Mais je peux aussi lui parler en utilisant des petits trucs qui donnent du poids à mes mots : des signes, des gestes, des images, des pictogrammes. Mais surtout, de façon générale, je dois toujours privilégier la communication par rapport à la qualité de la parole.
Comment aider mon enfant à mieux communiquer ?
Pour aider mon enfant à communiquer, je dois me mettre à sa portée, physiquement mais aussi en lui laissant du temps. Et puis il faut que je lui montre comment on fait pour communiquer. Je dois lui donner l’exemple en construisant des phrases plutôt simples avec un nombre de mots à peine au-dessus de ce que lui-même fait déjà. En fait, je dois rendre les choses plus faciles et plus agréables. Pour cela, je peux tirer partie de tout ce qui l’ intéresse, de tout ce qu’il aime et de notre vie quotidienne.
Comment comprendre mon enfant « non verbal » ?
Pour commencer, je peux l’encourager à me montrer, à me solliciter quand il veut me parler, à me donner des indices. Je peux aussi lui donner des mots en lui apprenant des signes, la signification des images ou même des lettres. Et je l’encourage à utiliser tout cela. Je peux aussi lui faire un agenda de communication qui l’aidera à aborder de nombreux sujets de conversation à partir de choses qu’il a vécues.
Est-ce que mon enfant parlera un jour ?
Si votre enfant a des capacités pour manipuler les objets et pour imiter ce que disent ses interlocuteurs, alors probablement oui il parlera un jour. Mais on ne sait pas tout à fait quand. S’il n’a pas encore ses capacités, la communication alternative et augmentée va l’aider à les développer. Dans tous les cas, toutes les expériences de communication qu’il aura vécues, la certitude qu’il est un interlocuteur écouté et pris en compte, tout cela l’aidera à structurer son langage et à développer sa parole ou un autre mode de communication quand il sera prêt. Si votre enfant ne devait jamais développer le langage, la communication alternative augmentée sera son mode de communication et vous pourrez échanger avec lui et développer ses intérêts.
C’est quoi la CAA ?
La CAA, c’est une représentation des mots par des signes, des images, des photos ou des lettres, qu’on organise afin de pouvoir communiquer. Une CAA est robuste quand elle permet d’exprimer tout ce qu’on veut dire. Dans ce cas, elle soutient le développement du langage, oral et écrit.
Comment communiquer avec une personne qui ne parle pas ?
« Pour communiquer avec une personne qui ne parle pas, vous aurez besoin de plus que vos oreilles ». Il faut donc observer toute sa communication, y compris non-verbale, et y répondre naturellement en lui laissant du temps. Si la personne communique avec la CAA, prenez le temps de lui laisser formuler ses messages et bien écouter ce qu’elle vous communique. Cela parait évident, mais le manque d’écoute est un vrai problème pour les utilisateurs de CAA.
Si la personne n’a pas encore d’outil de CAA, essayez de l’aider pour que ce soit mise en place dès que possible.
Comment on appelle une personne qui ne parle pas ?
Le terme le plus courant, c’est une personne non verbale, mais ce n’est pas très précis. La communication verbale concerne tout le langage et il peut être exprimé par des signes, des pictogrammes, des écrits ou par la parole. On peut aussi avoir un langage verbal parfaitement intact dans sa tête, sans moyen de l’exprimer. Certains préfèrent donc le terme « non-oralisant » qui a l’avantage d’être plus précis, mais l’inconvénient d’être moins connu. On parle aussi de personnes avec des « besoins complexes en matière de communication » ou des « utilisateurs de CAA ».
Pourquoi des personnes perdent accès à la parole à certains moments ?
Pour certaines personnes, le langage oral ne sera pas toujours fiable. Dans un moment de stress, de surstimulation sensorielle ou pour une autre raison, on ne peut plus parler. Dans ces moments-là, il faut des outils pour arriver à communiquer et se faire comprendre. On parle alors d’utilisateur de CAA à temps partiel. C’est plus fréquent dans l’autisme.
C’est quoi un utilisateur de CAA à temps partiel ?
C’est une personne qui communique parfois par la parole, et parfois avec des outils de CAA (les signes, les pictogrammes, l’écrit) parce que sa parole n’est pas comprise ou accessible. C’est le cas d’une personne qui parle oralement avec ses proches, par exemple, mais qui a besoin de moyen alternatif pour se faire comprendre par un inconnu.
A quel âge doit-on mettre en place des outils de communication alternative ?
Dès que possible, d’ailleurs on peut commencer à signer dès la naissance 😊 S’il y a un retard de langage, le fait d’utiliser des moyens alternatifs (signes, pictogrammes, écrits) va aider votre enfant à développer son langage et se faire comprendre. On n’a pas besoin d’attendre pour voir s’il parlera, au contraire la CAA stimule souvent l’émergence de la parole et évitera bien des frustrations. Si votre enfant est déjà grand, pas de panique : « le moment pour la CAA, c’est maintenant ».
C’est quoi la communication autonome ?
La communication autonome, c’est pouvoir dire ce que l’on veut, quand on veut, à qui on veut, à l’endroit et de la façon que l’on veut. (Gayle Porter) C’est pouvoir communiquer les mots que l’on a dans sa tête (von Tetzchner & Grove 2003).
On peut être autonome dans sa communication sans être indépendant, par exemple si un handicap moteur empêche de tourner les pages du classeur PODD ou allumer le dispositif de communication alternative, on peut tout de même choisir librement son message.
Ça veut dire quoi « non-oralisant » ?
Cela veut dire que l’on ne communique pas par la parole articulée/le langage oral. On entend aussi « non-parlant » et « non-verbal » cf comment décrire une personne qui ne parle pas. Une personne non-oralisante pourra communiquer grâce à des moyens alternatifs (la CAA), par exemple des signes, des pictogrammes ou des lettres.
Les doutes que vous pouvez rencontrer
Je ne comprends pas mon enfant, comment faire ?
C’est frustrant, pour vous et pour votre enfant ! Heureusement, il existe beaucoup de moyens de soutenir la communication comme les signes et les pictogrammes. En pointant des pictogrammes ou en signant tout en parlant, vous lui donnez des outils supplémentaires pour se faire comprendre. En plus, ces outils l’aideront à développer son langage. Ça s’appelle la CAA.
Si je lui propose un outil alternatif, est-ce que cela l’empêchera de parler ?
Ce que nous montre la recherche mais aussi les témoignages, c’est que les outils de communication alternative non seulement n’empêchent pas de parler mais au contraire soutiennent le développement de la parole quand elle est possible, aident à développer le vocabulaire, et quand le dispositif est robuste permettent également d’apprendre à construire des phrases. En fait, un outil alternatif permet de mieux parler.
Comment choisir le bon outil entre toutes les options possibles ?
Le choix du bon outil entre toutes les options possibles est assez complexe en effet. Il demande de bien connaître les capacités motrices de l’enfant, ce qu’il voit, mais plus que tout, ce qui compte, c’est le projet que vous avez pour votre enfant. Vous serez donc sollicité, écouté, à chaque étape de l’évaluation qui permet de choisir le meilleur outil pour votre enfant
Mais son orthophoniste/éducateur etc a dit que c’est trop tôt/compliqué pour lui… qui dois-je écouter ?
Il est possible que le professionnel vous dit cela parce qu’il veut protéger votre enfant de quelque chose qui lui semble lui-même difficile. Le risque est de faire prendre du retard à votre enfant, de ne pas lui permettre de communiquer avec vous, avec sa famille, dans ces différents lieux de vie, et donc de manquer des opportunités de développer ses compétences et son langage.
La CAA en cas de déficience intellectuelle, ça peut marcher ?
Bien sûr. Les stratégies pour enseigner la communication et le langage sont de toutes les façons toujours adaptées aux compétences de la personne. Plus elle va pouvoir les mettre en œuvre, plus elle va pouvoir les expérimenter dans différents domaines, dans différents lieux, plus ses compétences vont augmenter, en fonction de ce qu’elle sera elle-même capable de faire.
Mon enfant a des difficultés visuelles, comment lui trouver le bon outil ?
C’est une question très importante. Demander un avis ophtalmologique et orthoptique est essentiel afin de pouvoir utiliser le bon nombre d’images et les bons contrastes pour que l’enfant puisse avoir accès à son outil. N’hésitez pas à solliciter un professionnel de votre secteur. Il y a de nombreuses informations sur internet qui lui permettront de mettre en œuvre ses compétences au service de votre enfant.
Mon enfant ne peut pas pointer, est-ce qu’il peut utiliser la CAA ?
Les dispositifs de communication alternative et augmentée disposent de nombreuses fonctionnalités qui permettent de contourner ce problème. Un ergothérapeute pourra vous aider à choisir les bonnes fonctionnalités. Il n’est pas rare de voir se développer le pointage petit à petit au fil de l’utilisation du dispositif alternatif.
A quel âge devrait-on commencer ? Est-ce que c’est trop tôt ou pire… trop tard ?
Il n’est jamais trop tôt ni trop tard. Dans tous les cas ce qui compte c’est de se mettre à la portée de la personne, de lui donner des moyens d’interagir avec ses interlocuteurs et d’apprendre à ses interlocuteurs les bonnes stratégies pour communiquer avec elle. Et dans tous les cas, on a des cadeaux surprises qui nous laissent émerveillés.
Mon enfant parle un peu, est-ce que la CAA peut l’aider ?
Oui, surtout si le dispositif a un système de synthèse vocale qui va donner le modèle bien prononcé à votre enfant et s’il est robuste, car ainsi votre enfant pourra développer son vocabulaire, la conjugaison des verbes et la construction des phrases.
Cela me parait trop compliqué, qui peut nous aider ?
N’hésitez pas à rejoindre les groupes de parents et de professionnels de la communication alternative sur les réseaux sociaux. Vous y obtiendrez de nombreux renseignements, des aides amicales, et aussi les adresses des différents organismes de formation qui vous permettront d’en apprendre plus. Les réseaux de parents locaux, pourront vous accompagner dans la recherche des professionnels de votre secteur capables de vous aider au quotidien.
Un professionnel ou un établissement propose de changer l’outil de communication de mon enfant. Que dois-je faire ?
Il faut bien étudier les avantages et les inconvénients d’un tel changement pour l’utilisateur, et étudier les arguments dans chaque sens. L’apprentissage de l’utilisation de la CAA est souvent long pour une personne en situation de handicap de communication. On ne change donc pas à la légère !
Quels seront les bénéfices pour l’utilisateur ? Est-ce que cela lui permettra une communication plus riche et aisée ? Comment veillera-t-on à éviter toute rupture de communication pendant la transition ? Malheureusement, il arrive parfois que l’on propose de changer de pictogrammes parce qu’une équipe ou un professionnel a certaines habitudes, ou tout simplement parce que les informations n’ont pas été transmises sur l’utilisation de la CAA, cf passeport de communication.
Les besoins en communication de l’utilisateur de CAA doivent toujours être prioritaires et c’est à l’entourage de s’adapter en fonction.
Mon enfant ne maitrise pas le oui et le non… peut-il utiliser la CAA ?
Oui, le code oui/non n’est pas du tout un prérequis pour la mise en place d’outils de communication alternative et l’absence d’un code oui/non fiable ne doit pas nous empêcher d’utiliser des outils de communication avec nos enfants. Le oui et le non font partie des apprentissages de communication que l’on va travailler.
La mise en place de la CAA
Comment utiliser la CAA au quotidien ?
Le meilleur moyen d’utiliser la CAA au quotidien, c’est de parler avec. Cela a un double avantage. Plus vous parlerez avec, plus vous vous sentirez à l’aise. De plus, vous montrerez à votre enfant comment on peut faire pour communiquer avec son outil. Cet outil deviendra naturel. De plus, vous pourrez tirer parti de toutes les opportunités offertes par votre vie quotidienne. Vous lui offrirez ainsi un bain de langage adapté à son niveau, à son lieu de vie, à ses interlocuteurs.
Doit-on dire tous les mots avec l’outil de CAA ?
Ce n’est pas toujours nécessaire. Ce qu’il faut faire, c’est se situer un petit point au-dessus du niveau de l’enfant. Si l’enfant ne dit aucun mot, on ne dit qu’un seul mot avec l’outil de communication. Si l’enfant dit un mot, alors on peut en dire deux avec l’outil de communication. Et ce qui compte c’est de dire la phrase naturellement, de façon adaptée à la situation que vous vivez avec l’enfant, et de mettre en valeur les mots importants avec l’outil de communication.
Comment convaincre mon entourage que c’est bénéfique ?
Montrez-leur comment on fait, encouragez-les à participer aux activités de la vie quotidienne que vous vivez avec votre enfant, partagez avec eux les témoignages glanés sur les réseaux sociaux, témoignez auprès d’eux de l’importance de chacun des moments qu’ils passent à communiquer avec votre enfant, incitez-les à rencontrer les professionnels qui vous accompagnent, éventuellement vos réseaux de parents, voire à participer à certaines formations.
Comment aider nos proches à utiliser la CAA ?
N’hésitez pas à rejoindre les groupes de parents et de professionnels de la communication alternative sur les réseaux sociaux. Vous y obtiendrez de nombreux renseignements, des aides amicales, et aussi les adresses des différents organismes de formation qui vous permettront d’en apprendre plus. Les réseaux de parents locaux pourront vous accompagner dans la recherche des professionnels de votre secteur capables de vous aider au quotidien.
Comment aider son école/établissement à soutenir sa communication CAA ?
Utilisez les outils de communication devant ses enseignants ou éducateurs, et expliquez-leur pourquoi cela est important pour vous et pour votre enfant. Voir, c’est croire, donc n’hésitez pas à leur montrer des vidéos où votre enfant utilise sa CAA. Certaines équipes seront très enthousiastes et vous aideront à mettre en place des outils, d’autres auront besoin de plus de temps. Il y a de belles ressources pour expliquer la CAA, que vous pouvez partager avec eux.
On est découragé, comment se motiver ? (6 idées simples et ludiques pour communiquer autrement…)
- Ressortez un petit film de l’année dernière, et cherchez les différences. Vous pouvez le regarder avec votre enfant pour lui montrer comme il a grandi.
- Prenez l’habitude chaque soir de noter la petite joie du jour. Et de les résumer à la fin de chaque mois.
- Utilisez le Calendrier des mots de base du mois pour vous donner des idées.
- Mettez à jour l’agenda de communication avec tout ce que vous avez sous la main.
- Partagez votre ressenti avec d’autres parents. On passe tous des moments difficiles et ils sauront vous soutenir. Un autre jour, ce sera vous qui apportez de l’aide à un autre parent.
- Lâchez prise. Vivez une journée tranquillou sans vous prendre la tête pour une fois. Faites-vous plaisir à tous. De toutes les façons, la communication est partout. Elle émergera bien de ce plaisir. Tiens et pourquoi pas deux jours, tant qu’on y est.
Quelles bases de pictogrammes utiliser ?
Il y a de nombreux sites qui proposent des pictos gratuits et libres de droit, comme Arasaac, ce qui permet de commencer à créer des supports visuels tout de suite et au moindre coût. En général, le choix des pictos dépendra des outils de CAA robustes que vous décidez de mettre en place, pour qu’il y ait une cohérence entre les différents outils utilisés dans votre environnement. Il existe de nombreuses bases de pictogrammes, certaines adaptées à des difficultés visuelles par exemple.
Peut-on mélanger les différents types de pictogrammes ?
L’idéal, c’est que l’utilisation des pictogrammes soit le plus cohérent et stable que possible. Ainsi le même pictogramme correspondra toujours au même mot, ce qui est particulièrement important pour les mots abstraits (aimer, aller, encore etc.) que l’on ne peut pas facilement interpréter. Si on utilise une base de pictogrammes différente à la maison qu’à l’école par exemple, l’apprentissage sera plus long et difficile. Cependant, il n’y a pas de dogme et de différents styles correspondront mieux dans certains contextes. Pourquoi pas utiliser des smileys pour les émotions par exemple !
Comment faire si on veut changer de base de pictogrammes ?
Parfois on a besoin de changer afin de donner plus de possibilités de communication à un enfant (passage d’outil restreint à un outil robuste par exemple). A ce moment-là, on garde les outils connus à disposition pendant toute la période de transition, qui peut être longue. On peut aussi personnaliser la plupart d’outils robustes avec d’autres pictogrammes, qui sont déjà connus de l’utilisateur. Ce n’est généralement pas nécessaire pour des mots qui sont faciles à interpréter (chat, maison) mais comme toujours, il faut s’adapter aux besoins de l’individu.